Que fait-on pour le Soudan ?
Au delà des pinailleries, de la compassion consensuelle, ne devons-nous pas au nom de l'humanité agir pour stopper Khartoum?
Il semblerait que ce qui se passe dans le Darfour ne soit plus ''an ambiguous genocide'' (Prunier, 2006) mais véritablement un génocide. Loin des regards, Khartoum effectue plus qu'un nettoyage ethnique dans cette vaste zone frontalière du Tchad. Conforté récemment par la mollesse de la Communauté Internationale et le soutien de la communauté des Etats arabes, le raciste El Bechir poursuit la destruction des soudanais du Darfour, usant notamment des ''janjaweed'' , ces barbares dignes d'un Attila (plus rien ne poussera là où les sabots de leurs chevaux sont passés). Khartoum ne se cache même plus pour financer, armer, équiper son bras supplétifs. L'argument de la rébellion ne tient plus.
Désormais fort du soutien explicite de Khartoum les janjawid traversent même la frontière pour poursuivre leurs victimes dans les camps de réfugiés situés au Tchad (lui aussi en prise avec une rébellion soutenue par Khartoum!) Depuis plus de trois ans que cela dure, on compte plus de 300 000 morts et quelque trois millions de personnes chassés brutalement de leurs foyers, les exactions s'intensifient et s'élargissent.
Cette déclaration d'un journaliste américain (The Philadelphia Inquirer)ne laisse guère de doute sur l'attitude de la Communaute Internationale (celle-la même qui a permis le Rwanda) : ''Mettre un terme à un génocide nécessite plus qu'une molle intervention. Les Etats-Unis et les Nations unies doivent agir plus énergiquement et plus rapidement pour protéger les civils qui essaient d'échapper à la violence dans la région du Darfour, au Soudan."
''Plus jamais'', en Occident ? Déjà en 2004, l'administration Bush avait déclarée qu'au Darfour se perpétrait un génocide. Mais, dès 2005, un rapport des Nations unies concluait que les massacres de masse commis dans cette région du Soudan constituaient ''simplement'' des crimes contre l'humanité. Comme toujours, pendant que l'on massacre, pille, viole, tue, nous refusons d'agir. Il ne s'agit après tout que de Noirs. Sans doute, ne peuvent-ils revendiquer le statut d'humain que nous occidentaux aimons à proclamer pour agir dans les situations où nos intérêts sont menacés ?
Pourquoi rien n'est fait ? Au dela du simple racisme, il faut voir les trames souterraines qui se jouent dans la sphère internationale. Le Soudan, grand producteur de pétrole bénéficie de nombreux soutiens diplomatiques. Rien qu'au sein de l'Union Africaine, l'Egypte, plaide en faveur des thèses soudanaises. Hosni Moubarak, dictateur et ami stratégique des Etats-Unis freine Washington dans ces vélléites interventionniste (bizarre qu'un simple allié stratégique puissent véritablement empêcher Bush d'agir...). En outre, au Nations unies, le Soudan peut compter sur le soutien indéfectible de la Chine, Pékin en plein essor ne compte pas les efforts pour s'assurer de ressources petrolière. Par ailleurs, selon The Inquirer "l'administration Bush n'a pas encore placé cette affaire au rang de ses priorités". Ce journal dans le même article soutien que les Etats-Unis récemment se sont opposés à l'application de sanctions onusiennes à l'encontre de responsables soudanais, parmi ceux-ci le chef des renseignements. C'est toujours et encore la politique du deux poids deux mesures...
Le Washington Post, y va franchement, "face au Soudan qui s'oppose au déploiement de forces de maintien de la paix réellement capables de mettre un terme au génocide, il est temps d'avoir recours aux sanctions et de faire pression sur les autorités soudanaises". Mais quand ? Tel est la question. La soi-disant communauté internationale s'est doté de mécanismes pour prévenir ce genre de situation. Ce qui se passe au Darfour s'inscrivait parfaitement dans la nouvelle doctrine dite de "prévention" ainsi que dans l'optique de l'ingérence humanitaire. Ayant manqué la prévention, l'ONU s'illustre négativement une fois de plus...sclérosée qu'elle est ! Pourquoi ne pas invoquer le devoir d'ingérence humanitaire largement éprouvé au Kosovo ? Un fait est : dans l'indifférence générale, le gouvernement central du Soudan continue de tuer. Honte à nous tous !Le silence des gens biens...et bien il tue.